Paris-Rodez, même ciel voilé au-dessus des quartiers. Depuis leurs débuts, les rappeurs Antes & Madzes dynamitent les cartes postales de la province. À l’image d’un Orelsan, coincé à Caen, le duo hip-hop a traîné ses sneakers et son ennui dans les rues, les terrains vagues, les déserts d’Aveyron, comme ils le racontent avec ironie dans leur nouveau single Bienvenue chez nous. Un « constat » sans concession sur ces villes, où « le dimanche après-midi, tu peux voir des fantômes / Centre-ville désert, décor d’après-guerre / Les vieux sont armés, les jeunes sont précaires. » D’un trait décalé, Antes & Madzes tirent des perspectives : « Vous avez les projos, mais on a la lumière », rappellent-ils.
Direction l’Aveyron. La South story débute en 2019, quand le groupe sort son premier EP, Plein d’histoires. Plein de pépites. À la plume, Sylvain (Antes) et Rémi (Madzes), à la composition Léo Magos et le beatmaker Frip. Dans la foulée, ils font les premières parties de Bigflo et Oli, Guizmo, PuppetMastaz, remportent des tremplins et placent Rodez sur la carte du rap hexagonal. Un autre EP suit (En vrai), avec toujours cette propension à démonter les clichés à travers un ton tranchant. La griffe A&M ? Une plume TNT, un flow frontal et des vers mordants. « Une musique hybride, une écriture à la fois brute et très imagée, qui colle au réel », résument-ils. Et une bonne dose d’autodérision, à l’image du morceau Bête et méchant, le portrait de deux faux loosers de province qui rêvent de composer « un morceau d’été et le sortir en décembre », qui jouent « du rap en branchant des guitares et du rock sur des ordinateurs ». Ni bêtes ni méchants, résolument irrévérencieux.
2022. Le groupe s’enferme en studio pour composer son nouvel EP, Bienvenue chez nous, dans les bacs le 22 mars prochain. Huit nouveaux titres à la fois coup de poing et caustiques : « Nous voulions créer une sorte de club fédérateur, composé des gens qu’on n’écoute pas, qu’on a zappés. On voulait leur redonner une voix. » Pas question de s’enfermer dans une case, les rappeurs naviguent entre les riffs rock et les nappes électro, les touches pop et les fièvres groove, les beats boum boum et les flow au cordeau. « Cet EP envoie du bois, il est un peu plus rentre-dedans que les précédents et tape dans toutes les couleurs musicales. »